10 July 2012

Les sangliers - 2ème partie

"Respires mais ne pas fais pas de bruit. Reprends ton calme. Oh merde, il les a butés! Chut, n'y penses pas. Respires. Reprends ton calme". Ces phrases tournent en boucle dans la tête de Sophie. Appuyée contre le mur de l'escalier, elle regarde ses mains tremblantes. Comme si son regard, par magie, pouvait arrêter le temps. Mais plus elle les fixe, plus leur mouvement semblent s'accélérer. Tel deux chevaux fous voulant se délester de leur mors; ses mains veulent se détacher de son corps et fuir sans attendre ses jambes figées. Sophie, elle, ne veut pas courir.  Elle veut glisser. Elle ne veut pas être trouvée. Ne pas faire un bruit. Elle voudrait être avalée par le mur blanc. Disparaitre.
Rien ne se passe. Lentement, elle descend les escaliers. Ses chaussures en coquilles d’œufs font un bruit fou. A chaque marche elle marque une pause. Pas un bruit. Une marche. Une Pause. Pas un bruit. Une marche. Une Pause. Pas un bruit. Une marche. Une Pause. 
Cassandre
Enfin arrivée deux étages plus bas, elle ouvre la porte, puis entre dans le couloir abaissée. Elle a vu ça dans les films, si on lui tire dessus, la 1ère balle la loupera. Elle n’aime pas le silence. Si elle entendait du bruit elle pourrait deviner ce qui se passe. Elle sort la clef de sa poche, s'arrête, la range. Elle vient d'entendre un bruit chez ses voisins de palier. Elle se dirige vers leur porte et frappe sans bruit.  Par chance, la femme aux cheveux bruns se tient derrière la porte.  Elle lui ouvre. 
Sophie entre sans un mot et ferme derrière elle. La voisine confuse, lui ouvre de grands yeux noirs.
-« J'étais en haut, un homme a tué une femme et ses enfants. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais il faut appeler la police.
- Quoi? » s'exclame un homme de taille moyenne en levant les yeux au plafond.
-« Chut! Je ne sais pas si c'est un tueur fou ou un gars paumé qui a tué sa femme et je n'ai pas l'intention de le découvrir avant que les flics soient la! Il doit croire que l'immeuble est vide! Alors pas un bruit! » . Sophie est étonnée par cet élan, elle sent son regard dur. Face à elle, le couple ne pipe pas mot. 
-« Maman, qu’est-ce qu'il se passe? » La sieste de l'enfant vient de se finir. Etonné de ne pas voir sa mère dans le jardin il est venu la chercher dans le bureau. Quelle surprise de la trouver avec la voisine et son père. 
-« Ca n'est rien mon chéri, va jouer dans ta chambre et pas de bruit. Il ne faut pas réveiller ton frère ». Sa voix est douce et  posée malgré le choc.
-« Si, réveilles-le, on doit partir!
-Quoi? » Sophie n'en croit pas ses oreilles.
-« Il est hors de question que l'on reste ici à attendre qu'un malade frappe à notre porte! Si on passe par le garage, il ne nous entendra pas! 
-Les garçons feront du bruit, à leur âge c'est impossible de les en empêcher. Et puis il y a les portes, celle du garage va grincer quand vous l'ouvrirez! Il l'entendra et aura le temps de descendre! Il faut rester ici! »
Sophie s'empare du téléphone. Elle appelle la police, leur explique la situation, donne son adresse. Sa voix vacille. Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle fait de son mieux pour contrôler sa peur, sa rage, son désespoir mais son corps se rebelle. Elle doit se battre chaque seconde pour ne pas s'écrouler et aller se cacher sous un lit en pleurant comme elle le faisait enfant. 
-«Chérie prépares les garçons ! » Le voisin expulse ces mots avant d’empoigner le marteau trônant sur une étagère à chaussure démontée. 
Jouets en vrac
-« Ne faites pas ça ! C'est trop dangereux, on doit rester ensemble ! » plaide-t-elle telle Cassandre.
Quelques minutes plus tard, la petite famille s'apprête à franchir le seuil de la porte. 
-« Vous faites une bêtise mais bonne chance. 
-Bonne chance à vous » murmure la voisine en serrant contre elle le plus jeune garçon encore endormit.
La porte s'ouvre et se referme sans bruit. Sophie se retrouve coincée dans cet appartement qu'elle ne connait pas, seule. Entourée de jouets cassés.
                                                                                                                                                A suivre...

6 comments:

  1. la suite!!! sInon, c'est comment des chaussures en coquilles d'oeufs?

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  2. Anonymous3:59 pm

    La semaine prochaine :)
    Ahah je te laisse imaginer, c'est tout le plaisir de la lecture ;)

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  3. alors j'ai fini la 2ème partie, comme promis ma critique de fan de thriller&polar. A mon goût, il manque un truc par rapport au(x) tueur(s) pour accrocher complètement le suspens (genre qu'elle entend quand elle est dans l'escalier la porte, enfin un truc qui suppose qu'elle est suivie). En lisant ton texte, je comprends difficilement la réaction de la famille. Mais c'est bien écrit, et ça me donne envie de voir la suite, c'est vraiment histoire de faire comme promis la critique;)! Si c'est ton premier jet dans ce type d'écriture, franchement chapeau!

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  4. Anonymous7:35 pm

    Merci pour le commentaire Aline!
    Alors détaillons un peu :)
    Tu veux dire quoi par "il manque un truc" ? Si c'est qu'on ne sait rien sur le tueur pour l'instant, ça c'est normal. L'héroïne ne sait rien encore je ne voulais pas qu'on en sache plus qu'elle.
    Pour les voisins, tu as raison. Leur réaction est hâtive et disproportionnée. Sophie veut simplement les prévenir de ne pas se promener dans le couloir avant que la police arrive...
    Oui c'est 1ère fois! A part quelques cauchemars un peu sombre comme
    http://lagrenouillesquill.blogspot.fr/2012/01/alerte-malibu.html
    http://lagrenouillesquill.blogspot.fr/2011/10/paintball.html
    http://lagrenouillesquill.blogspot.fr/2011/10/saving-lifes.html
    http://lagrenouillesquill.blogspot.fr/2011/09/terror-at-school.html
    etc...

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    1. je pense que c'est le fait de pas avoir lu d'une traite les 2. j'ai repris en partant de l'épisode 1 et ça ne me fait pas cet effet pour le tueur avec ta phrase sur le fait qu'elle entend le coup de feu, voit la porte s'ouvrir etc.
      Je vais lire les autres dès que je peux

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    2. Anonymous12:27 pm

      Je vais essayer de publier aujourd'hui, sinon ça sera vendredi...

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